
Réduction des activités des banques européennes en Afrique : un changement stratégique ?
- Le corporate
- 27 novembre 2024
- Editorial
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Autrefois perçue comme une région prometteuse, l’Afrique semble désormais perdre de son attrait pour certaines banques européennes, qui réduisent progressivement leurs opérations sur le continent. Ce mouvement concerne notamment les banques françaises comme Société Générale, BNP Paribas et Crédit Agricole, ainsi que les banques britanniques telles que Standard Chartered et Barclays. Toutefois, ce retrait ne reflète pas nécessairement une instabilité du secteur bancaire africain, mais s’explique par des facteurs externes et stratégiques.
Les experts pointent d’abord les nouvelles régulations financières internationales, notamment les normes Bâle III. Ces règles, mises en place après la crise financière de 2007-2009, obligent les banques à maintenir davantage de fonds propres pour couvrir les risques associés à leurs actifs. Cela limite leur capacité à adopter des stratégies de croissance ambitieuses, même dans des marchés porteurs comme l’Afrique, souligne le magazine H&C. Dans ce cadre, les banques européennes privilégient des opérations moins risquées et plus rentables, freinant ainsi leur expansion sur le continent.
Demba Sy, responsable des agences bancaires à La Banque Agricole du Sénégal, évoque également la concurrence croissante des banques locales et l’impact économique des crises récentes. « Avec la succession de défis tels que le contre-choc pétrolier, la pandémie de Covid-19, la guerre en Ukraine et la prépondérance des économies informelles, les banques occidentales réduisent leur présence en Afrique pour se concentrer sur des marchés jugés plus rentables en Asie, en Amérique du Nord et en Europe », explique-t-il. De plus, le paysage bancaire africain a évolué avec l’essor des grandes institutions panafricaines comme Attijariwafa Bank, Coris Bank, Ecobank, ou encore UBA, qui offrent une concurrence accrue. « Ce retrait est principalement motivé par une recherche de rentabilité et une volonté de réduire les coûts en capital imposés par la supervision rigoureuse de la Banque centrale européenne (BCE) », ajoute-t-il.
Cependant, ce désengagement des grandes banques européennes ne signifie pas la fin des investissements étrangers dans le secteur bancaire africain. On observe en effet une implication notable de fonds d’investissement internationaux, qui apportent des capitaux en devises aux banques locales. Par ailleurs, si les institutions africaines se développent rapidement, elles restent encore peu présentes dans le domaine de la banque d’investissement, où des acteurs comme Citi et les groupes français BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole continuent de dominer.
Ce changement stratégique illustre ainsi un rééquilibrage des priorités des banques européennes face aux transformations du marché et à la montée en puissance des acteurs africains.
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