
Politique monétaire : La BEAC choisit l’immobilisme malgré la crise
- Le corporate
- 31 décembre 2024
- Editorial
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Malgré un contexte économique tendu qui a conduit les chefs d’État de la CEMAC à se réunir en urgence le 16 décembre 2024 à Yaoundé, la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) a opté pour l’immobilisme en matière de politique monétaire. Cela s’est illustré le 23 décembre dernier au cours de la réunion de politique monétaire où l’institution a choisi de maintenir inchangés ses principaux taux de refinancement.
Ainsi, le TIAO (taux d’intérêt des appels d’offres), son principal taux de refinancement, reste à 5 % ; le taux de la facilité de prêt marginal, qui est prévu pour les avances effectuées aux banques par la BEAC pour 24h, est reconduit à 6,75 % tandis que la facilité de dépôt reste à 0 %. C’est la septième fois d’affilée que l’institution maintient ses taux inchangés après les avoir relevés de manière ininterrompue à partir de novembre 2021. Principal outil pour mener la politique monétaire dans la zone CEMAC, les taux directeurs déterminés par la BEAC fixent le taux d’intérêt auquel une banque commerciale peut emprunter de l’argent auprès de l’institut d’émission monétaire. Par conséquent, ce pourcentage influence aussi le taux auquel ces banques prêtent de l’argent aux ménages, aux entreprises, et même aux États. Ce 7e statu quo consécutif traduit très clairement une volonté de la banque centrale de ne pas réagir face à la dégradation de la situation.
La croissance du PIB régional devrait se situer à 2,7 % contre une précédente estimation de 3,6 % faite au mois de mars. Cette projection se situe également en dessous de la moyenne en Afrique subsaharienne (3,6 %, selon le FMI). L’inflation devrait se maintenir à 4,4 %, au-dessus du seuil communautaire de 3 % ; l’excédent du compte courant devrait se replier à 1,1 % du PIB, de même que le taux de couverture extérieur de la monnaie qui reculera à 71,2 % (contre 74,8 % en 2023). Le niveau des réserves de change de la CEMAC reste également sur une tendance baissière, s’établissant à 4,4 mois d’importations de biens et services fin 2024 contre 4,9 mois en 2023.
Conformément à l’article 1er de ses statuts, la Banque Centrale émet la monnaie de l’union monétaire et en garantit la stabilité. Du point de vue opérationnel, cette stabilité est assurée, au plan interne, lorsque le taux d’inflation en moyenne annuelle est inférieur ou égal à 3 %, et au plan externe, quand le niveau des avoirs extérieurs bruts représente près de 60 % des engagements à vue de la BEAC, équivalant à au moins trois mois d’importations de biens et services et du service de la dette extérieure.
Actuellement, la BEAC s’éloigne très clairement de ces objectifs et des mesures plus audacieuses pourraient permettre de renforcer l’équilibre intérieur et extérieur de la région. Plusieurs experts suggèrent à la Banque centrale de ne pas seulement se cantonner sur ses leviers actuels, mais d’initier une stratégie de financement ciblée de la production pour diminuer les importations et donc infléchir la courbe de l’inflation. Cela ralentirait également les sorties de devises pour les importations de denrées. Bien évidemment, ce type d’initiatives devrait être soutenu par les États.
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