Nouvelle Constitution gabonaise : quel impact pour l’économie ?

Adoptée lors du référendum du 16 novembre 2024, la nouvelle Constitution du Gabon suscite de nombreuses attentes concernant ses effets bénéfiques sur l’économie nationale. Cette nouvelle Loi fondamentale pourrait devenir un levier de transformation économique, à condition de surmonter certains défis.

• Une stabilité politique pour attirer les investisseurs

L’un des objectifs principaux de cette réforme est de crédibiliser le régime militaire dirigé par le général Brice Oligui Nguema, en partant du principe qu’il respecte le chronogramme qu’il s’est imposé. Et si cette légitimité est perçue comme un pas vers des institutions plus stables et un retour au régime civil, cela pourrait renforcer la confiance des investisseurs internationaux. Or, la stabilité politique reste une condition essentielle pour la relance des projets d’envergure et l’afflux de capitaux étrangers.

• Une centralisation accrue du pouvoir exécutif

La suppression du poste de Premier ministre, au profit d’un régime présidentiel renforcé, donne au chef de l’État un contrôle direct sur les décisions économiques. Cette centralisation pourrait accélérer la mise en œuvre de réformes, notamment dans les secteurs stratégiques comme l’énergie ou les infrastructures. Mais elle soulève aussi des questions sur la transparence et le maintien des contre-pouvoirs constitutionnels, éléments cruciaux pour garantir un climat d’investissement sain.

• L’essor économique comme priorité

Le président Oligui Nguema a défini des ambitions économiques fortes, qualifiées d’« essor vers la félicité ». Ces priorités incluent une gestion plus orthodoxe des ressources naturelles, en particulier le pétrole, qui reste une source de revenus clé pour le pays. Des projets d’infrastructure et des initiatives visant à redistribuer plus équitablement les richesses sont également attendus, pour garantir l’espoir d’une croissance inclusive.

• Dépendance aux ressources naturelles : un défi persistant

L’économie gabonaise reste fortement dépendante des hydrocarbures. Une situation qui la rend vulnérable aux fluctuations des prix à l’international. Pour réduire cette dépendance, le pays devra impérativement diversifier ses sources de revenus, en développant des secteurs comme l’agriculture, le tourisme ou les énergies renouvelables. Par ailleurs, le gouvernement devra veiller à contenir l’endettement public, déjà à des niveaux préoccupants, pour financer ses ambitions économiques.

  • Des incertitudes sur l’exécution des réformes

Le succès de la refonte économique dépendra largement de la capacité du régime à instaurer un cadre légal solide, à lutter efficacement contre la corruption et à garantir la transparence. Cependant, les critiques formulées sur le processus référendaire, avec un certain nombre de manquements observés, alimentent le doute quant à la mise en œuvre réelle des changements promis.

Un tournant à ne pas manquer

En résumé, la nouvelle Constitution offre au Gabon une opportunité historique de réinventer son modèle économique et de bâtir un avenir plus prospère. Mais pour traduire cette ambition en réalité, il faudra conjuguer stabilité politique, gouvernance exemplaire et diversification économique. Le succès dépendra avant tout de la capacité du gouvernement à honorer ses engagements et à regagner la confiance des citoyens et des investisseurs.

Axel MAVOUNGOU OSSENDO

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