
Banque : l’avenir d’Oragroup en pointillés selon l’agence de notation Fitch
- Le corporate
- 18 novembre 2024
- Editorial
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Oragroup, le groupe bancaire basé au Togo, est engagé dans une course contre la montre pour résorber son déficit de liquidités. L’agence de notation Fitch a récemment dégradé la note d’Oragroup de CC à C, menaçant de récidiver après le 30 novembre si les liquidités de la banque demeurent insuffisantes pour honorer le remboursement des prêts en euros et en francs CFA, renseigne Ecofin.
La holding bancaire a ainsi entamé une période de sursis depuis le 1er novembre 2024, et le couperet pourrait tomber si le groupe venait à manquer un paiement d’ici la fin du mois, à procéder à une restructuration de sa dette sur des obligations seniors, ou si les régulateurs intervenaient face au non-respect des exigences de capital.
Fitch justifie la nouvelle dégradation de la notation, après des précédentes en avril, puis en septembre dernier, par le fait qu’il estime que la holding est au début d’un défaut de paiement ou d’un processus de défaut. La pression s’accentue dans un contexte où Oragroup souffre d’une exposition massive aux risques souverains d’Afrique centrale et de l’Ouest. Le ratio de fonds propres de base (CET1) du groupe est descendu à 2,3 % fin 2023, bien en dessous des 7,9 % exigés par les régulateurs, tandis que le portefeuille affiche un taux de prêts non performants de 20 %. Cette situation met en péril la stratégie de croissance et de stabilité de la banque.
Parallèlement, le titre d’Oragroup subit une forte pression, ayant perdu plus de la moitié de sa valeur depuis son entrée en bourse à la BRVM, avec des dividendes devenus rares.
Pour Oragroup, ce déficit de liquidités révèle une situation de fragilité financière structurelle. Déjà, en octobre dernier, le groupe avait annoncé son besoin de lever 273 milliards FCFA pour renforcer les fonds propres de ses principales filiales de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA). Une condition impérative pour se conformer aux exigences des régulateurs d’ici la fin de l’année. Plusieurs filiales, notamment au Togo, au Tchad et en Guinée, affichent des niveaux de solvabilité alarmants, exposant le groupe à des risques de sanctions réglementaires.
Pour éviter le pire, Oragroup envisage une augmentation de capital de 160 milliards de francs CFA, destinée à priori aux actionnaires existants, dans le cadre d’une émission de nouvelles actions ordinaires. Fitch considère qu’une telle injection de capital constituerait un soutien significatif pour remédier au déficit de capital.
En parallèle, une restructuration des bilans des filiales en Guinée et en Côte d’Ivoire pourrait générer jusqu’à 80 milliards de francs CFA supplémentaires. Le groupe espère également obtenir 17 milliards de francs CFA via la monétisation de ses dettes Tier 2 et optimiser ses actifs pondérés par les risques pour alléger la pression sur ses ratios de solvabilité. En attendant, la situation de la banque, présente dans 12 pays africains, reste précaire.
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