Nigéria : Une taxe de 70% sur les bénéfices bancaires pour renforcer l’économie nationale

Le Sénat nigérian a approuvé, le 24 juillet 2024, un projet de modification de la loi de finances qui prévoit notamment l’instauration d’une taxe de 70% sur les profits réalisés par les banques locales en 2023, en raison de la dépréciation du naira. Le gouvernement avait initialement proposé un taux de 50%, mais la chambre haute du parlement a adopté une position plus stricte. Elle a justifié cette décision en expliquant que les banques avaient réalisé des bénéfices exceptionnels « grâce à la politique d’unification du taux de change du gouvernement fédéral et que ces bénéfices exceptionnels ont été le résultat de l’allocation de devises à certaines banques commerciales », a déclaré Mohammed Sani Musa, le président de la commission des finances.

En 2023, les banques nigérianes détenant des actifs en dollars ont augmenté leurs revenus en convertissant ces actifs en nairas. De plus, la rentabilité des prêteurs s’est renforcée en raison de la hausse des taux d’intérêt suite au resserrement de la politique monétaire. Les cinq principales banques du pays ont vu leur marge bénéficiaire augmenter de 95% en 2023 en raison de la forte dépréciation du naira. C’est notamment le cas de Guaranty Trust Bank, le plus grand prêteur du pays, qui a plus que triplé son bénéfice à 539,7 milliards de nairas (339 millions de dollars), grâce aux gains de réévaluation. Le bénéfice net d’Access Holdings Plc a quadruplé pour atteindre 612,49 milliards de nairas, contre 153,09 milliards de nairas en 2022.

Cependant, le texte approuvé par le Sénat a suscité des inquiétudes dans l’industrie bancaire. Pour PWC Nigéria, l’imprévisibilité de cet impôt sur les bénéfices exceptionnels pourrait décourager l’investissement. Moody’s Ratings a prévenu, mercredi, que cette taxe aurait un impact négatif sur le système bancaire nigérian, car elle réduirait considérablement les bénéfices disponibles pour les provisions pour prêts. « La taxe exceptionnelle aura un effet particulièrement négatif sur les banques dont l’adéquation des fonds propres est proche des seuils réglementaires », a déclaré l’agence américaine de notation.

De son côté, Sani Musa a mis en garde les banques qui ne s’acquittent pas de cet impôt. « Toute banque qui ne paie pas la taxe sur les bénéfices exceptionnels au service et qui n’a pas signé l’accord de paiement différé d’ici le 31 décembre 2024, sera tenue de payer une taxe sur les bénéfices exceptionnels retenue, en plus d’une amende de 10% du prélèvement retenu ou non versé par an et d’un intérêt au taux d’escompte minimum en vigueur de la CBN, et par conséquent passible d’emprisonnement ».

Il convient de préciser que le gouvernement nigérian a l’intention d’utiliser ces fonds pour les infrastructures et pour une augmentation du salaire minimum convenue avec les syndicats.

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