
Gabon : Malgré des risques budgétaires, le gouvernement baisse de 27% le prix du gasoil pour les industriels
- Le corporate
- 23 juin 2024
- Editorial
- prix-gazoil
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Les industriels gabonais ont sans doute arboré un large sourire en apprenant la nouvelle. Dans une correspondance adressée le 14 juin dernier aux distributeurs de produits pétroliers du pays, le Directeur général des hydrocarbures Ernest Ndong Nguema annonce une baisse du prix du gasoil. La mesure qui prend effet à partir du mois de ce mois juin fixe le prix du gasoil hors réseau (celui qui n’est pas distribué dans les stations-services) à 790 FCFA/litre contre 1 080 FCFA auparavant, soit une baisse de 27%.
« Il est à préciser que cette mesure vise à limiter l’approvisionnement des industriels en stations-services et à mettre un terme aux revendications des industriels » précise la missive consultée par Le Corporate.
Cette décision des autorités de Transition représente un nouvel allègement consenti dans le secteur pétrolier aval. En janvier le Président Brice Clotaire Oligui Nguema avait instruit une baisse de 17,5% sur le prix de la bouteille de gaz domestique, la faisant passer de 6000 FCFA à 4950. Un peu plus tôt, c’est le super et le gasoil qui connaissaient de légères baisses. Cela vient s’ajouter à d’autres mesures comme la régularisation des situations administratives, la création de nouveaux postes budgétaires ou encore le paiement des rappels des pensions des retraités.
Si ces mesures constituent une bouffée d’oxygène pour les récipiendaires, elles mettent à mal les finances publiques du pays.
Dans une récente analyse, l’agence Moody’s explique que le gouvernement éprouvera des difficultés à financer les dépenses supplémentaires qu’il a intégré dans son budget pour l’exercice courant. Moody’s déplore notamment une « politique budgétaire expansionniste », matérialisés par une augmentation nominale de 12 % de la masse salariale du secteur public, de nouveaux transferts et subventions et une augmentation de 67 % des investissements publics. « Des contraintes de capacité et de financement dans l’exécution des dépenses supplémentaires envisagées sont probables », signale l’agence américaine.
La décision de l’exécutif de transition est d’autant plus perplexe que le pays est aux prises avec un taux d’endettement qui atteindra 78 % du PIB d’ici fin 2025 et des échéances proches sur ses eurobonds qu’il faudra refinancer pour éviter le défaut.
» Des besoins de financement publics plus importants exacerberont les pressions sur les liquidités dans un contexte d’options de financement relativement limitées, ce qui entraînera un déficit de financement et augmentera le risque de pertes pour les créanciers du secteur privé dans les années à venir », redoute Moody’s qui a d’ailleurs déclassé la note du Gabon à « Caa2 ».
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