
Pourquoi les décideurs africains doivent s’entourer d’experts en communication de crise
- Le corporate
- 15 janvier 2025
- Tribune
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En Afrique centrale, les crises – qu’elles soient politiques, économiques ou sociales – sont devenues une constante. Pourtant, chaque fois qu’elles surviennent, le scénario est toujours le même : improvisation maladroite, messages confus, contradictions évidentes et, au final, une perte de contrôle. On peut se demander si nos dirigeants mesurent vraiment l’importance d’une communication de crise maîtrisée.
Au fil des années, j’ai eu l’occasion de travailler et d’observer comment certaines organisations gèrent les crises en Afrique francophone, plus particulièrement en Afrique centrale. Trop souvent, une absence flagrante de préparation est évidente. Récemment, une institution de renom confrontée à un scandale médiatique a réagi de manière impulsive avec une stratégie de communication incohérente. Résultat : la crise a duré plus longtemps que nécessaire, laissant des dégâts d’image durables et difficiles à réparer.
Cette situation découle souvent d’une erreur fondamentale : croire qu’il suffit d’être un bon orateur ou un responsable charismatique pour gérer une crise. En réalité, la gestion de crise est une science et un art qui nécessitent une expertise spécifique. Malheureusement, cette expertise est encore trop peu valorisée dans nos pays. Les professionnels de la communication sont souvent cantonnés à des tâches de routine – rédaction de communiqués, organisation d’événements – et rarement impliqués dans les décisions stratégiques en cas de crise.
Les avantages d’une communication de crise bien gérée sont pourtant indéniables : maîtriser le récit, protéger les parties prenantes et rassurer le public. Mais cela exige bien plus qu’un plan improvisé. Il faut des scénarios préalables, des équipes formées et un leadership capable de garder son sang-froid sous pression.
Ce qui est frappant, c’est que même les dirigeants eux-mêmes ne sont pas suffisamment préparés. Nombre d’entre eux sous-estiment l’impact de leur posture, de leurs mots et de leurs silences. Combien de fois avons-nous vu des interventions télévisées mal préparées, où le message initial est noyé dans des maladresses ? Une communication de crise réussie implique également une vision claire, des mots rassurants et des gestes inspirant confiance.
Il est temps que les décideurs africains, particulièrement ceux d’Afrique centrale, réalisent qu’ils ne peuvent plus se permettre d’improviser. Une crise mal gérée ne se limite pas à ternir l’image d’une personne ou d’une institution : elle peut affecter durablement des secteurs entiers, entraîner des pertes économiques massives et briser la confiance des populations.
Il est essentiel d’intégrer des experts en communication dans les organes de décision et de former les dirigeants à la gestion de crise. Au-delà des mots, la communication de crise est une question d’anticipation, de lucidité et d’humilité.
En bâtissant cette culture de préparation et de professionnalisme, nos pays pourront mieux naviguer dans les eaux souvent troubles des crises modernes. L’Afrique centrale regorge de talents et de ressources : il est temps de les utiliser pour transformer nos faiblesses en forces.
Laetitia MEBALEY, Consultante-Expert en Communication Institutionnelle
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