MAFS : Le bouclier financier africain contre les crises de la dette

Lors du 38ème sommet de l’Union africaine tenu en Éthiopie le week-end dernier, les dirigeants africains ont approuvé la création du Mécanisme Africain de Stabilité Financière (MAFS), une initiative cruciale pour prévenir les crises de la dette sur le continent.

Géré par la Banque africaine de développement (BAD), ce fonds vise à aider les pays africains à mieux gérer les chocs économiques externes. Le mécanisme, qui obtiendra sa propre notation de crédit, pourra emprunter sur les marchés financiers internationaux.

« S’il est mis en œuvre comme prévu, le MAFS permettra aux États africains d’économiser environ 20 milliards de dollars en frais de service de la dette d’ici à 2035 », a déclaré Kevin Urama, vice-président de la BAD et économiste en chef, à Reuters.

La BAD a précisé qu’elle entend avancer rapidement dans la rédaction d’un accord formel et obtenir la ratification des États membres. L’adhésion sera volontaire et ouverte à tout pays membre de l’Union africaine désireux de participer. Des dispositions permettront également à au moins 20 % des membres non africains d’adhérer, sous réserve que les États africains conservent la majorité des membres.

Mais pour garantir le succès de cette initiative, plusieurs éléments essentiels doivent être considérés. D’abord, le MASF doit disposer de ressources suffisantes pour soutenir efficacement les pays en difficulté. Les critères d’éligibilité doivent aussi être clairs, transparents et basés sur des indicateurs objectifs de vulnérabilité et de soutenabilité. Enfin, l’accès à ce fonds devra être conditionné à des exigences en matière de gouvernance et de réformes structurelles.

La création du MASF a été motivée en partie par l’absence d’un coussin financier propores à l’Afrique, contrairement à l’Europe et à l’Asie qui ont le leur. Cette absence expose les pays africains, en cas de crise de la dette, à de fortes dépréciations de leurs monnaies, comme ce fut le cas pour le Kenya en 2023, ou à des révisions à la baisse de leur notation par les agences internationales, comme le Gabon actuellement.