Gabon : Les 10 mesures chocs du ministre des Finances pour rétablir la discipline dans la gestion publique

Face à un diagnostic rigoureux de la gestion publique, les autorités gabonaises ont entrepris des réformes profondes pour asseoir la performance, l’intégrité et la traçabilité des finances de l’État. Ces mesures qui visent à mieux collecter, mieux dépenser et mieux rendre compte de l’argent public, ont été révélés le 22 octobre 2025 par Henri-Claude Oyima, ministre d’Etat, ministre de l’Economie, des Finances, de la Dette et des Participations, chargé de la Lutte contre la Vie Chère.

Réforme budgétaire et financière approfondie

Celle-ci vise à rétablir la sincérité du budget, la discipline dans l’exécution et la traçabilité de la dépense publique. Elle impose une obligation de résultat où chaque engagement doit être justifié, chaque dépense validée, et chaque paiement fondé sur un service réellement fait et vérifiable. Le pilier structurel est l’instauration de la séparation stricte (règle d’or financière) entre les dépenses de fonctionnement (financées exclusivement par les ressources propres, notamment fiscales) et les dépenses d’investissement (financées par l’endettement). Cette mesure vise à mettre fin à la pratique délétère consistant à s’endetter pour payer les salaires ou les charges courantes, garantissant ainsi une meilleure soutenabilité de la dette.

Digitalisation des régies financières

Les régies clés (Impôts, Douanes, Budget, Trésor, Participations) doivent se transformer en pôles d’excellence, d’intégrité et de transparence. En effet, le Gabon accélère la digitalisation complète des procédures (e-gouvernance). Cette dématérialisation vise à réduire drastiquement les manipulations physiques de documents, à limiter le contact humain direct (facteur majeur de corruption) et à supprimer les zones d’opacité propices aux pratiques illicites, renforçant l’efficacité et la rapidité des transactions.

Création et restauration de l’Inspection Générale des Finances (IGF)

L’Inspection Générale des Finances (IGF) est restaurée et repositionnée comme l’instrument central de la transparence, du contrôle ex-post et de l’appui méthodologique. Cette structure sera un levier d’éthique, d’efficacité et de performance, avec pour mission de traquer le gaspillage et les détournements. Elle garantira que chaque franc public dépensé serve l’intérêt général et appuiera le Ministre d’État dans la supervision rigoureuse de la chaîne de la dépense et du recouvrement.

Gestion active et assainissement des Participations publiques

L’État gabonais entend redevenir un actionnaire visionnaire, exigeant et professionnel. La preuve, les audits approfondis des entreprises publiques sont lancés pour assainir un portefeuille historiquement source de pertes. Les entités jugées viables seront restructurées et gérées sur la base de contrats de performance clairs, tandis que les entreprises chroniquement déficitaires ou non stratégiques seront réformées, cédées ou dissoutes, afin de stopper l’hémorragie des subventions publiques.

Renforcement du contrôle budgétaire et de la dépense

Le principe de la dépense sera désormais lié à la réalité de la prestation. Aucun paiement ne sera validé sans service réellement fait, facture régulière et procès-verbal de réception formel. Pour garantir la transparence et la rigueur dans la commande publique (marchés publics), un visa obligatoire de l’autorité de contrôle compétente sera mis en place pour l’accès aux marchés, afin d’éradiquer la complaisance et les intérêts personnels.

Rationalisation et réallocation des ressources

La politique des ressources sera réorientée. Cela inclut la rationalisation drastique des subventions (particulièrement coûteuses dans le secteur pétrolier et des carburants), afin de recentrer les fonds économisés sur les priorités de développement social et les services essentiels. Surtout, l’encadrement de l’endettement est renforcé, avec l’interdiction formelle et légale d’utiliser l’emprunt pour financer les dépenses de fonctionnement.

Renforcement des contrôles et de la redevabilité

Un cycle de contrôle biannuel généralisé sera instauré. Il couvrira la fiscalité, l’administration et toutes les sociétés publiques/paraétatiques afin de vérifier la conformité des procédures, la performance (atteinte des objectifs) et la probité des gestionnaires. Les organes de contrôle seront dotés de ressources et professionnalisés pour éviter toute complaisance et garantir la sanction effective des fautes de gestion.

Réformes et exonérations et du système fiscal

Les exonérations injustifiées et coûteuses pour les finances publiques (souvent accordées de manière discrétionnaire) seront purement et simplement supprimées ou révisées à la baisse. L’État s’engage à se conformer strictement et uniformément aux dispositions des codes douaniers et fiscaux, afin d’assurer l’équité fiscale, la transparence et surtout la prévisibilité du système pour les investisseurs.

Rationalisation des agences et établissements publics

Une rationalisation en profondeur de ces structures sous tutelle est engagée pour simplifier l’architecture administrative et éviter les doublons. Un point critique est le contrôle strict des rémunérations dans ces entités, qui seront alignées sur les standards de l’administration centrale, pour mettre fin aux écarts salariaux injustifiés et garantir la cohérence salariale du secteur public.

Financement du Développement par Fonds Sectoriels

Pour soutenir et diriger la croissance hors pétrole, l’État lance le déploiement de cinq fonds stratégiques sectoriels spécialisés. Ces fonds agiront comme des leviers financiers dédiés à des secteurs précis pour stimuler l’investissement et la création d’emplois, garantissant une affectation ciblée des ressources publiques. Il s’agit du Fonds Agricole pour assurer la sécurité alimentaire ; le Fonds Pêche et aquaculture axé sur le développement des ressources maritimes ; le Fonds habitat et logement pour réponse à la demande sociale), le Fonds infrastructures en vue de la modernisation des équipements de base et enfin, le Fonds Énergie et Eau pour le soutien à l’accès universel.