
PwC se retire de l’Afrique francophone : une étape stratégique pour le secteur du conseil et de l’audit
- Le corporate
- 1 avril 2025
- Editorial
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Après huit mois de négociations, PricewaterhouseCoopers (PwC), géant britannique de l’audit et du conseil, a officialisé, le lundi 31 mars, sa séparation d’avec ses entités en Afrique francophone subsaharienne. Cette décision concerne les bureaux situés dans plusieurs pays, notamment la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Cameroun, la République démocratique du Congo (RDC), la République du Congo, Madagascar, la Guinée, le Sénégal, la Guinée équatoriale et le Tchad. Désormais autonomes, ces firmes pourront ajuster leurs stratégies aux réalités spécifiques de leurs marchés respectifs.
Dans son communiqué, PwC a souligné avoir travaillé étroitement avec les équipes locales pour assurer une transition harmonieuse et minimiser les perturbations. Des plans de continuité ont été mis en place afin de maintenir un service client fiable et constant.
Présent en Afrique depuis plus de 50 ans, PwC comptait jusqu’à récemment 15 bureaux répartis dans 17 pays d’Afrique francophone subsaharienne, avec 30 associés et plus de 700 collaborateurs. Cette séparation constitue donc un tournant stratégique majeur pour la firme sur le continent. Paradoxalement, PwC avait intensifié ses efforts pour renforcer sa présence dans la région ces dernières années, notamment en ouvrant en 2024 une branche de conseil stratégique au Cameroun et en nommant de nouveaux associés en janvier 2025 pour dynamiser ses activités d’audit au Cameroun et en Guinée équatoriale.
Désaccords internes et réorganisation stratégique
PwC continuera à collaborer avec sept pays anglophones d’Afrique subsaharienne, où le nom et la marque « PwC » seront conservés. En revanche, la rupture avec les entités francophones découle de tensions internes et divergences stratégiques. D’après Africa Intelligence, cette séparation résulte de discussions complexes avec PwC International Limited (PwCIL), l’organisation qui supervise le réseau mondial.
Des sources internes mentionnent de sérieux désaccords concernant les modalités d’utilisation de la marque et les orientations stratégiques. En outre, des frictions récurrentes entre la direction internationale et certains associés locaux, qui estimaient les décisions peu adaptées aux réalités du marché africain, auraient accentué la rupture.
Un paysage concurrentiel en transformation
Le retrait de PwC pourrait remodeler le secteur du conseil et de l’audit en Afrique francophone subsaharienne. Ce départ est susceptible de redistribuer les parts de marché, favorisant une concurrence accrue. Des cabinets internationaux tels que Deloitte, EY et KPMG pourraient renforcer leur présence dans la région et attirer une partie des clients laissés vacants.
Pour leur part, les firmes désormais indépendantes feront face à plusieurs défis : construire une solide réputation, fidéliser leur clientèle et adapter leur stratégie aux particularités locales. Toutefois, cette autonomie leur offre une opportunité unique d’accroître leur flexibilité et d’élaborer des services répondant mieux aux besoins spécifiques du marché africain.