Politique monétaire : La BEAC et la BCEAO adoptent une approche prudente

Face à la hausse rapide de l’inflation dans la région, la plupart des banques centrales d’Afrique subsaharienne ont choisi de resserrer leur politique monétaire. Cela s’est manifesté par une augmentation des taux directeurs pour freiner la création monétaire. Certaines banques centrales se sont montrées moins agressives que d’autres en fonction de l’évolution de l’inflation dans leur zone d’intervention respective.

D’après les données compilées par la Banque mondiale dans son rapport Africa Pulse d’avril 2024, la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) et la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) se distinguent parmi les moins agressives en matière de taux directeurs. Avec un principal taux de refinancement de 3,5%, la BCEAO possède le taux le plus bas d’Afrique subsaharienne, juste après le Botswana (2,4%). Tirant profit d’une inflation en baisse, d’une amélioration des comptes extérieurs et d’une solide croissance économique, la Banque centrale commune aux 8 pays de l’UEMOA a décidé en mars dernier de maintenir ses taux inchangés. C’est également le cas de la BEAC dans la CEMAC, qui a maintenu son taux directeur constant à 5% pendant 11 mois. Lors de la dernière réunion du comité de politique monétaire à Yaoundé, le gouverneur Yvon Sana Bangui a déclaré que cette décision reflétait « des indicateurs macroéconomiques favorables » et une position extérieure « confortable ».

Cette orientation de la politique monétaire est bien accueillie par les investisseurs car le coût du crédit dans ces deux régions, qui partagent l’usage du FCFA comme monnaie, restera relativement bas par rapport à d’autres pays ou régions où la politique monétaire est plus agressive. C’est notamment le cas au Ghana et au Nigéria, où les taux directeurs des banques centrales s’élèvent respectivement à 29% et 22,75%. La Banque centrale du Malawi (Reserve Bank of Malawi) suit également cette tendance pour contrôler l’inflation. En février, elle a relevé son taux directeur de 200 points de base pour le porter à 26 %, face à une accélération de l’inflation. Dans ce pays, le taux d’inflation en glissement annuel a atteint 35 % en janvier 2024, contre 25,9 % au même mois de l’année précédente.

Cependant, la Banque mondiale recommande aux banques centrales des pays où l’inflation diminue de faire une pause dans le resserrement de leur politique monétaire et de maintenir les taux d’intérêt à un niveau plus élevé dans ceux où l’inflation reste nettement éloignée de la cible. L’institution met en garde contre une réduction prématurée des taux directeurs, qui pourrait favoriser un retour de l’inflation.

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