
Paiements transfrontaliers : un marché africain estimé à 1 000 milliards de dollars en 2035
- Le corporate
- 9 juin 2025
- Editorial
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Le marché des paiements transfrontaliers en Afrique est en pleine expansion. Selon un rapport publié récemment par Oui Capital, société de capital-risque axée sur le continent, ce marché, évalué à environ 329 milliards de dollars en 2025, pourrait atteindre 1 000 milliards de dollars d’ici 2035, avec un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 12 %.
Cette progression est principalement portée par l’adoption croissante des technologies de paiement numérique, qui offrent des alternatives plus rapides, accessibles et économiques que les transferts bancaires traditionnels. Le mobile money, par exemple, représentait 30 % des transactions transfrontalières en 2024, avec des frais variant de 1,5 % à 3 %, bien inférieurs aux taux de plus de 7 % pratiqués par les banques classiques.
Les fintechs, en plein essor sur le continent, contribuent à réduire les coûts de transaction jusqu’à 90 %, en particulier pour les PME et les travailleurs indépendants. Quant aux solutions reposant sur la blockchain, elles promettent des règlements quasi instantanés et à coûts négligeables.
Ce développement s’inscrit également dans un contexte d’intégration économique régionale croissante. Des initiatives comme le Système de paiement et de règlement panafricain (PAPSS) et la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) visent à fluidifier les échanges en permettant des paiements instantanés en monnaies locales et en harmonisant les cadres financiers. Ces mécanismes pourraient réduire la dépendance à l’égard du système SWIFT et des intermédiaires bancaires internationaux, souvent coûteux et inefficaces.
Néanmoins, le chemin vers un système de paiement transfrontalier pleinement intégré reste semé d’obstacles. Le rapport souligne la persistance de canaux informels, l’utilisation encore dominante des banques traditionnelles, et surtout, la fragmentation réglementaire entre pays. À cela s’ajoutent des processus de vérification d’identité encore insuffisamment numérisés (seulement 55 % des pays africains autorisent l’e-KYC) ainsi que des politiques de change hétérogènes, à l’image de celles du Nigeria. Résultat : la double conversion des devises coûte chaque année près de 5 milliards de dollars au continent.
Pour libérer le plein potentiel de ce marché stratégique, Oui Capital appelle à des actions coordonnées. Il s’agit notamment d’améliorer l’interopérabilité entre réseaux de paiement, d’investir dans des infrastructures performantes, de réduire les coûts des transactions B2B et de renforcer les synergies entre fintech et opérateurs de mobile money. Du côté des États, l’harmonisation des cadres réglementaires, l’adoption d’un standard continental pour la connaissance client ainsi que le soutien aux règlements basés sur la blockchain sont autant de leviers pour transformer en profondeur le paysage des paiements transfrontaliers africain.