Notation du crédit en Afrique : une révolution en marche avec AfCRA

Évoquée depuis quelque temps, l’Agence africaine de notation de crédit (AfCRA) devrait officiellement entrer en service d’ici septembre 2025. L’information a été confirmée ce lundi 9 juin 2025 par plusieurs sources médiatiques.

Destinée à offrir une alternative crédible aux agences internationales telles que Moody’s, Fitch et S&P, AfCRA se concentrera exclusivement sur les économies africaines. Elle intégrera des données et des indicateurs socio-économiques spécifiques à chaque région, mieux adaptés au contexte africain. Sa première notation souveraine est attendue entre fin 2025 et début 2026.

De l’utilité d’AfCRA

De nombreux pays africains, notamment le Sénégal et le Gabon, contestent de plus en plus la perception de leurs finances, de leur dette et, plus largement, de leur économie par les agences de notation internationales. Ces institutions sont souvent accusées de ne pas tenir compte des spécificités africaines dans leurs évaluations, ce qui limite la capacité de ces pays à emprunter sur les marchés internationaux à des conditions abordables.

Lors d’un entretien accordé à TV5 Monde le mois dernier, le ministre gabonais de l’Économie et des Finances, Henri-Claude Oyima, rappelait que l’une des priorités fixées par le président Oligui Nguéma est d’établir un diagnostic précis des potentialités économiques et financières du pays. Il soulignait notamment la nécessité d’un « rebasage du produit intérieur brut (PIB) » du Gabon, intégrant l’ensemble des ressources naturelles disponibles au-delà du pétrole : minerais, bois, richesse halieutique et crédits carbone.

Une semaine plus tard, le Conseil des ministres du Gabon a entériné cette démarche, insistant sur la sous-évaluation persistante du potentiel économique réel du pays. Le président de la République a ainsi instruit le ministre de l’Économie et des Finances de mener un travail méthodologique rigoureux, en lien avec les partenaires techniques, afin que l’ensemble des actifs stratégiques soit intégré aux agrégats économiques nationaux. Cette réforme devrait permettre au Gabon de renforcer sa crédibilité financière et d’améliorer sa position dans les négociations économiques internationales.

Un outil stratégique pour les économies africaines

L’AfCRA pourrait jouer un rôle clé dans la redéfinition des critères d’évaluation du risque de crédit en Afrique. Son importance repose sur plusieurs aspects fondamentaux. A savoir, une notation mieux adaptée aux réalités africaines, avec une évaluation plus juste et contextualisée, un renforcement de la souveraineté financière du continent, permettant une plus grande indépendance dans l’évaluation du risque de crédit, plus de facilitation de l’accès aux financements, les notes parfois sévères des agences internationales contribuant à des coûts d’emprunt élevés pour les États africains. Et enfin, une valorisation des monnaies locales, entendu que l’AfCRA mettra l’accent sur la notation de la dette émise en monnaie locale, favorisant ainsi une plus grande stabilité et attractivité des devises africaines.

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