Le Gabon intègre le top 10 des pays les plus endettés d’Afrique subsaharienne

La gestion de la dette sera l’un des défis majeurs du Gabon au sortir du scrutin électoral prévu en août 2025. Selon les projections du Fonds monétaire international (FMI) contenues dans son rapport d’octobre sur les perspectives économiques d’Afrique subsaharienne, le taux d’endettement du Gabon devrait atteindre 79,96 % du PIB en 2025 contre 73,3 % en 2024. Bien plus que le seuil de 70 % autorisé dans l’espace CEMAC, auquel le Gabon est membre.

Avec cette progression, le Gabon deviendra le 7e pays sur les 45 de l’Afrique subsaharienne à avoir le niveau d’endettement le plus élevé. Le Cap-Vert étant leader avec 107,21 %, suivi du Mozambique (96,47 %), du Congo (89,04 %), du Malawi (82,28 %), du Sénégal (80,48 %) et de l’Île Maurice (80,94 %). Le top 10 est complété par le Ghana (79,51 %), la Guinée-Bissau (74,33 %) et le Cameroun (72,15 %).

En 20 ans, le Gabon n’avait jamais franchi ce seuil d’endettement. Le pays était à 59 % en 2019, mais avec la crise du Covid-19 qui a conduit à un endettement important des pays situés au sud du Sahara, ce taux est passé à 78 % en 2020 avant de ralentir à 65 % en 2022. Mais le point culminant de cette montée en flèche est la correction des données budgétaires effectuée par le régime de Transition en juin dernier, qui a révélé une situation des finances publiques plus alarmante que ce qui était présenté.

En effet, l’exécutif dirigé par Brice Clotaire Oligui Nguema a indiqué qu’en 2023, le pays avait enregistré un déficit public de 1,8 % contre un excédent de 2 % présenté par l’administration d’Ali Bongo. La dette publique est ressortie à 70,4 % du PIB, contre une précédente estimation à 56 %. Résultat des courses, les agences de notation financières Fitch et Moody’s ont dégradé la note du pays, la reclassant dans la catégorie des obligations « ultra-spéculatives ».

Pour corriger la dynamique de la dette au cours des prochaines années, le FMI préconise au Gabon d’effectuer des efforts « considérables » d’ajustement budgétaire. « Selon les estimations de l’institution financière, une réduction du déficit primaire hors-pétrole de 14 % à environ 2 % du PIB hors-pétrole d’ici à 2027-28 (soit un ajustement représentant actuellement 6 à 7 % du PIB) contribuerait à stabiliser puis à inverser la dynamique de la dette et ramènerait les besoins de financement à des niveaux plus acceptables », peut-on lire. En gros, le pays doit augmenter ses recettes et réduire ses dépenses. Le FMI suggère de s’attaquer aux exonérations fiscales (notamment les exonérations discrétionnaires), de supprimer progressivement les subventions aux carburants, le soutien aux entreprises publiques déficitaires, et de rationaliser la masse salariale.

C’est dire que l’offre politique qui sera formulée par le prochain président élu sera scrutée à l’aune de cette réalité économique implacable pour le pays. Mais déjà, on note que l’exécutif de Brice Clotaire Oligui Nguema a été pris au piège des promesses à court terme. Car s’il a hérité d’une gestion approximative du précédent régime, il s’est engagé, en lieu et place d’une politique budgétaire stricte, dans des dépenses sociales et d’investissement colossales, quoique pour répondre immédiatement aux attentes des populations. À titre d’exemple, le budget 2024 prévoit une augmentation de 12 % de la masse salariale du secteur public, de nouveaux transferts et subventions, une baisse des coûts du carburant et une augmentation de 67 % des investissements publics.

Signalons néanmoins que dans le cadre de la gestion proactive de sa dette, le Gabon a, le 21 octobre dernier, racheté avec succès 50 % de son euro-obligation de 605 millions USD arrivant à échéance en 2025, dans le cadre d’une opération de refinancement dont les contours n’ont pas été dévoilés.

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