L’Afrique tient son 3e siège au conseil d’administration du FMI mais ne peut toujours pas influencer les décisions

Le très convoité 3e siège de l’Afrique au conseil d’administration du FMI a enfin été attribué le 1er novembre dernier, portant à 25 le nombre d’administrateurs de l’institution de Bretton Woods. L’honneur est revenu à l’Ivoirien Wautabouna Ouattara qui a été nommé le même jour. Selon Kristalina Georgieva, il s’agit d’une étape « historique » pour le FMI et pour l’Afrique. « L’ajout d’un troisième siège africain à notre Conseil d’administration reflète non seulement les progrès considérables réalisés par le continent dans le développement de son potentiel humain et économique, mais cela renforcera également la voix de l’Afrique et rapprochera le FMI des populations que nous servons », a indiqué la directrice générale du FMI dans un communiqué. Les défenseurs de cette décision espèrent qu’elle répondra aux préoccupations des responsables africains qui militent pour l’ajout de ce siège.

Cependant, on est bien obligé de reconnaître que cela n’apportera pas plus de poids au continent dans la prise de décisions. Malgré une forte représentativité (54 pays sur 191), l’Afrique ne détient que 6,5 % des droits de vote au conseil d’administration du FMI. Le droit de vote est, en effet, attribué sur la base des quotes-parts de chaque pays, et de ce point de vue, les grandes économies qui mettent plus d’argent dans les réserves du FMI ont plus de poids.

La somme des quotes-parts de tous les pays membres du FMI est de 238 milliards de DTS, dont 42,1 milliards pour les États-Unis, premier contributeur (soit près de 17,7 % du total). Le Japon (6,56 %), l’Allemagne (6,11 %), la France (4,51 %) et le Royaume-Uni (4,51 %) sont les cinq pays les plus représentatifs au conseil d’administration. De ce point de vue, il est évident que le souci de représentativité tant recherché par l’Afrique ne sera pas corrélé à celui d’impact, mais davantage à celui de plaidoyer.

Selon la Fondation Mo Ibrahim, basée à Londres, la région a connu le plus grand nombre de programmes de prêts du FMI au cours des deux dernières décennies, mais ne parvient toujours pas à en sortir au vu des difficultés budgétaires rencontrées. Le défi pour le nouveau représentant serait notamment d’accentuer le plaidoyer pour une réorganisation du système de rendement des prêts du FMI qui, pour l’instant, est défavorable aux pays les plus pauvres. L’Afrique doit également faire pression pour un financement accru de la lutte contre le changement climatique dont elle subit les conséquences sans en être la cause.

Rappelons que Wautabouna Ouattara est âgé de 53 ans et est titulaire d’un doctorat en sciences économiques de l’Université Félix Houphouët-Boigny. Avant sa nomination au FMI, il occupait le poste de ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et des Ivoiriens de l’extérieur.

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