La potasse, un nouvel atout pour l’économie gabonaise
- Le corporate
- 22 juillet 2025
- Editorial
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Longtemps portée par les revenus du pétrole et de quelques minerais stratégiques comme le manganèse, l’industrie minière gabonaise pourrait, grâce à l’Agence nationale de promotion des investissements du Gabon, amorcer une diversification avec l’exploitation prochaine du gisement de potasse de la Banio-Mayumba (au sud du Gabon), estimé à 1,8 milliard de tonnes de réserves.
Utilisée principalement comme engrais dans l’agriculture intensive, la potasse est aujourd’hui au cœur des enjeux de souveraineté alimentaire mondiale. En Afrique centrale, où les rendements agricoles restent globalement faibles et dépendants d’intrants importés, le développement d’une filière locale de production pourrait répondre à un double défi : renforcer la sécurité alimentaire régionale et stimuler la valeur ajoutée industrielle dans les pays producteurs.
C’est dans cette dynamique que le Gabon entend se positionner avec le gisement de la Banio-Mayumba, l’un des plus importants potentiels identifiés en Afrique subsaharienne. La société Mayumba Potasse SARL, filiale du groupe canadien Millennial Potash, mène actuellement les études techniques et environnementales en vue d’un lancement industriel à moyen terme.
Sur le plan économique, les projections laissent entrevoir une contribution significative au produit intérieur brut gabonais. Avec une production annuelle envisagée à 800 000 tonnes, le projet pourrait générer plus d’un milliard de dollars par an de retombées économiques sur la durée de vie du site, estimée entre 25 et 56 ans. La rentabilité prévisionnelle, avec un taux de rendement interne supérieur à 30 %, suggère un profil d’investissement attractif, y compris en période d’incertitude sur les marchés mondiaux.
Au niveau local, les effets multiplicateurs sont attendus sur plusieurs segments de l’économie : création d’un millier d’emplois directs et indirects, développement des services industriels de proximité, et renforcement des infrastructures régionales, notamment avec la construction projetée d’un port en eau profonde à Mengali, destiné à faciliter l’exportation. S’ajoutera également l’installation d’une centrale thermique (entre 8,5 et 50 MW), qui contribuera à sécuriser l’approvisionnement énergétique du site.
Mais l’impact le plus décisif pourrait bien résider dans la transformation locale de la potasse en engrais, plutôt que dans son exportation brute. Une telle orientation permettrait de développer une industrie chimique nationale, de capter davantage de valeur sur le territoire, et de positionner le Gabon comme fournisseur régional d’intrants agricoles, en cohérence avec les ambitions de souveraineté économique exprimées par le gouvernement d’Oligui Nguéma.
L’État gabonais devra garantir une mise en œuvre rigoureuse et inclusive du projet : transparence des contrats miniers, fiscalité équitable, respect des normes environnementales et du contenu local. Autant d’éléments qui conditionneront la perception des investisseurs et l’adhésion des communautés.



