La COBAC prend une décision qui va durcir l’accès aux financements pour le Gabon

Le secrétaire général de la commission bancaire d’Afrique centrale (COBAC) a adressé, le 18 octobre dernier, une correspondance aux établissements de crédit de la CEMAC, dans laquelle il définit les taux de pondération qui seront désormais appliqués aux emprunts des États de la région. Élaborées sur la base du respect des critères de convergence, les pondérations appliquées définissent le niveau de fonds propres que les banques doivent constituer à chaque fois qu’elles accordent un prêt à un pays.

Selon le document consulté par Le Corporate, le taux de pondération est de 80 % pour le Congo, 85 % pour la Guinée Équatoriale et la RCA, 90 % pour le Cameroun et le Tchad, et 100 % pour le Gabon. Cela signifie que le risque pour le Gabon est le plus élevé actuellement. Ainsi, une banque qui prête 10 milliards FCFA (par exemple) à ce pays doit s’assurer de disposer dans ses fonds propres d’un montant équivalent pour couvrir le risque de défaut. Un gros coup de pression donc pour les établissements de crédit qui soutiennent les opérations financières des États sur le marché régional de la dette.

Pour le Gabon, la conséquence est que les banques seront moins motivées à souscrire aux besoins de financement du pays, en raison de l’importance du montant qu’elles doivent immobiliser durant la durée de vie de l’emprunt. Celles qui le feront auront tendance à solliciter des rendements beaucoup plus élevés qu’actuellement. Quoi qu’il en soit, la décision de la COBAC, si elle n’est pas abrogée, va compromettre les objectifs budgétaires du Gabon, notamment en ce qui concerne les ressources de trésorerie.

Dans son projet de loi de finances pour 2025, le Gabon projette plus de 1 200 milliards FCFA de nouveaux emprunts pour financer son déficit budgétaire et refinancer sa dette. La situation serait quasi identique pour les cinq autres pays de la CEMAC, qui auront également beaucoup de mal à convaincre les banques à renforcer leurs expositions dans les conditions actuelles.

Conformément au règlement R-2010/01 de la COBAC, le taux de pondération est obtenu en additionnant des poids relatifs à chaque critère de convergence non respecté par l’État émetteur. Il s’agit de l’accumulation d’arriérés (65 %), du solde budgétaire négatif (20 %), d’un stock de dette inférieur ou égal à 70 % du PIB (10 %), et d’un taux d’inflation inférieur ou égal à 3 % (5 %). Selon la COBAC, aucun pays ne respecte le critère de non-accumulation des arriérés. Le Congo est le seul à avoir un solde budgétaire excédentaire, tandis que le seuil d’inflation n’est effectif qu’en Guinée Équatoriale et en RCA. Le Cameroun ne respecte qu’un seul critère, celui du taux d’endettement, et le Gabon est en infraction sur la totalité des exigences, d’où la pondération de 100 % qui lui est appliquée.

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