Henri-Claude Oyima : un homme de conviction au service de la transformation de l’économie gabonaise ?

Sur le plateau de TV5 Monde, Henri-Claude Oyima n’a pas seulement pris la parole. Il a affirmé une vision. Celle d’un homme qui, après avoir dirigé pendant des décennies l’un des plus puissants groupes bancaires d’Afrique centrale, choisit aujourd’hui de mettre son expertise au service d’une transformation structurelle de l’économie gabonaise.

« aujourd’hui il est temps de partager cette conaissance que j’ai pour apporter ma force au projet profond et transformateur que le president a decidé de proposer aux Gabonais », a-t-il déclaré, affirmant sa volonté de rompre avec les logiques économiques du passé.

Mais l’ombre d’un double rôle planait encore sur son engagement. Henri-Claude Oyima l’a dissipée sans ambiguïté : « Je vais quitter la direction du Groupe BGFIBank dans les prochaines semaines. Une entreprise responsable doit préparer sa transition selon les règles de bonne gouvernance. » Une clarification attendue qui confirme sa volonté de séparer sphère publique et responsabilités privées.

Une approche disruptive pour repenser la dette et la croissance

Le Ministre de l’Économie, Oyima n’entend pas suivre la voie tracée par les anciens plans d’ajustement dictés par les bailleurs de fonds. Face à une dette publique pesante, il adopte une posture iconoclaste : « Réduire la dette n’est pas un objectif en soi. Ce qui compte, c’est de construire un programme clair de croissance et de développement. »

Ce programme s’articule autour de pôles stratégiques : énergie, finances publiques, transformation économique et sécurité alimentaire. Mais avant toute mise en œuvre, un diagnostic rigoureux s’impose : une évaluation des recettes et des dépenses, mais surtout, une redéfinition du PIB gabonais incluant toutes les richesses — au-delà du pétrole.

Souveraineté économique et alimentaire : le gabon à un tournant

Parmi ses propositions : la création d’une centrale d’achat pour contrôler les marges commerciales et l’implantation d’un ambitieux programme agricole destiné à favoriser la consommation locale. Des solutions ancrées dans une vision de souveraineté et portées par un management du changement assumé, presque brutal.

Après dix-sept programmes du FMI et une croissance à bout de souffle, Oyima plaide pour une reprise en main nationale : « Ce programme doit être fait par les Gabonais, pour les Gabonais. Et je m’engage. ». Dans cette logique, un forum économique national sera lancé dans les prochains jours. Objectif : bâtir un programme inclusif, co-construit avec les forces vives du pays. « La réflexion sur notre avenir doit être une réflexion interne. »

Dans un Gabon en quête de souveraineté économique, son passage de la salle des marchés à la salle des conseils ministériels pourrait bien marquer un tournant historique.