
Gabon/Rapatriement des Fonds RES : Plus qu’à un pas du déblocage final
- Le corporate
- 3 mai 2025
- Editorial
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Le gouvernement gabonais a officialisé, lors d’une conférence de presse conjointe de haut niveau animée ce 30 avril par plusieurs ministres, une avancée majeure dans un débat qui dure depuis six ans : le rapatriement des Fonds de Remise en État des Sites pétroliers (RES). Ces ressources, constituées par les compagnies pétrolières pour financer la réhabilitation environnementale des sites en fin d’exploitation, sont estimées entre 3 000 et 6 000 milliards FCFA.
Au cours de cette réunion, tenue à l’auditorium du ministère de l’Économie, une avancée déterminante a été annoncée : 26 des 27 points de blocage identifiés dans le rapatriement et la gestion des Fonds RES ont été levés. Le Vice-Premier ministre, Alexandre Barro Chambrier, a salué cette étape cruciale, la qualifiant de signal fort envoyé aux opérateurs et aux citoyens.
Cependant, un obstacle persiste : l’immunité de la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC). En effet, la clause de non-saisissabilité des avoirs de change, prévue à l’article L.153-1 du Code monétaire et financier, protège les réserves gérées par la BEAC. Cette disposition, essentielle à la stabilité monétaire de la région, constitue le dernier frein à la finalisation du rapatriement des Fonds RES. Pour de nombreux acteurs, sa levée renforcerait la confiance des investisseurs et des parties prenantes.
Le ministre de l’Économie et des Participations, Mark-Alexandre Doumba, a souligné l’importance de rapatrier ces fonds au sein de la zone CEMAC. Selon lui, la co-gestion permettrait à l’État gabonais de participer activement aux décisions d’investissement tout en consolidant la masse monétaire régionale.
Le ministre du Pétrole, Marcel Abeke, a quant à lui rappelé que ces fonds, qui ne proviennent pas du budget de l’État, constituent des provisions obligatoires collectées auprès des compagnies pétrolières. Ils répondent à une exigence contractuelle garantissant la remise en état des sites une fois leur exploitation terminée.
Enfin, le ministre des Comptes Publics et de la Dette, Charles M’Ba, a insisté sur le fait que, loin d’être intégrées directement dans le budget national, ces ressources représentent un fonds de garantie destiné à couvrir les engagements sociaux et environnementaux du pays. La transparence et la bonne structuration de ces ressources sont perçues comme des leviers majeurs pour renforcer la crédibilité financière du Gabon auprès de ses partenaires régionaux et internationaux.
Au-delà des considérations techniques et financières, cette réforme symbolise le combat du Gabon pour moderniser la gestion de ses ressources naturelles et renforcer la transparence de ses institutions. Des rencontres antérieures, notamment une séance plénière présidée par le ministre de l’Économie en janvier 2025, avaient déjà démontré la détermination du gouvernement à respecter les échéances fixées lors de discussions internationales et à mettre en œuvre des solutions durables pour le rapatriement de ces fonds.