
Gabon/Décentralisation, Cohésion et Développement des Territoires : N’est-ce pas le temps ?
- Le corporate
- 4 mai 2025
- Dossier spécial
- 0Commentaires
« La restauration des institutions et de l’autorité de l’État ne peut être effective qu’avec une décentralisation aboutie ». C’est le constat sans appel que dresse le président élu, Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA, dans le sixième pilier de son programme de gouvernance.
Il souligne ainsi le caractère indispensable de cette politique publique pour la cohésion et le développement des territoires locaux.
Longtemps proclamée par des gouvernements passés, sans jamais se concrétiser, la décentralisation vise à transférer les compétences et les ressources de l’État aux collectivités locales.
Pour le président du Gabon, « ce modèle de gouvernance favorisera une répartition équitable des ressources nationales (…). » Il compte également faciliter l’implémentation du concept constitutionnel « d’État Unitaire Décentralisé » par l’adoption d’une démarche ayant pour objet :
- De faire des collectivités locales des entités de base dotées de larges pouvoirs, notamment dans les domaines administratif, économique, financier, social et culturel.
- De faire des collectivités locales le cadre institutionnel de la participation des citoyens à la vie locale, tout en préservant l’unité de l’État et en sauvegardant l’intérêt général.
- D’associer les collectivités locales à l’administration et à l’aménagement du territoire, au développement économique, social, sanitaire, culturel et scientifique, ainsi qu’à la protection de l’environnement et à l’amélioration du cadre de vie.
- De doter les collectivités locales des moyens financiers, humains et matériels nécessaires à la diffusion du progrès économique, social et culturel.
Cela inclut un véritable engagement à établir des pôles régionaux de croissance et de développement.
Au Gabon, la loi organique n°15/96 du 6 juin 1996, modifiée et remplacée par la loi organique n°001/2014 du 15 juin 2015 relative à la décentralisation, pose les bases de la mise en œuvre de cette politique publique.
Malheureusement, il est à déplorer que des obstacles majeurs ralentissent considérablement l’effectivité du transfert des compétences et des moyens de l’État aux collectivités locales.
Parmi ces obstacles, on peut citer notamment :
- L’absence d’un véhicule financier dédié à la cohésion et au développement des territoires.
- La résistance du gouvernement et de l’administration centrale à l’appropriation de la vision du chef de l’État.
Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA s’engage à briser ce plafond de verre, pour le bonheur des populations, mais surtout pour la promotion d’un développement harmonieux et cohérent des territoires, jusque-là étouffés par une centralisation excessive dans les domaines politique, administratif, économique, social, culturel ou scientifique.
À dire vrai, le défi le plus difficile à surmonter dans la mise en œuvre de la décentralisation reste le dessaisissement des acteurs étatiques de la privatisation de la chose publique afin que le projet de société du chef de l’État produise les résultats escomptés.
Enfin, le transfert effectif des compétences devra s’accompagner de sessions de renforcement des capacités pour responsabiliser les personnels des collectivités locales, les autorités décentralisées et déconcentrées, afin de mieux encadrer les populations et répondre à leurs besoins essentiels grâce à une organisation rationnelle de la vie administrative et économique.
Quoi qu’il en soit, ce processus, débattu depuis des décennies au Gabon, mérite d’être enfin lancé de manière concrète et pragmatique.