‎Budget 2026 du Gabon : Fitch le juge « irréaliste » et dissuasif pour le FMI

Dans une note publiée le vendredi 3 octobre 2025, l’agence internationale de notation Fitch Ratings a exprimé des réserves concernant le projet de loi de finances 2026 du Gabon. L’institution pointe notamment un déficit budgétaire jugé excessif et des ambitions d’investissement qualifiées d’« irréalistes ».

‎Pour rappel, le projet de loi de finances  2026, adopté début septembre, prévoit une quasi-doublure des dépenses publiques (+97 %) par rapport à la loi de finances 2025, atteignant 44 % du produit intérieur brut (PIB). Les dépenses d’investissement enregistrent une hausse de 570 %. En parallèle, les recettes grimpent de 22 %, entraînant un déficit budgétaire estimé à 15 % du PIB.

‎ »Ces objectifs de dépenses, notamment en matière d’investissement, sont bien supérieurs à ceux anticipés lors de la confirmation de la note de défaut émetteur en devises étrangères à long terme du Gabon à « CCC » en juin 2025, où Fitch prévoyait des déficits de 2,4 % du PIB en 2025 et 2,1 % en 2026″, indique l’agence de notation.

‎Et si le gouvernement gabonais prévoit une croissance économique de 7,9 % en 2026, portée par les investissements publics, Fitch adopte une posture plus prudente, avec une prévision limitée à 2,6 %. L’agence de notation conclut que « les plans des autorités visant une forte augmentation des dépenses d’investissement sont jugés irréalistes et seront freinés par des contraintes de financement ».

Un scénario budgétaire peu compatible avec les exigences du FMI

‎Tout aussi inquiétant, Fitch indique que le tableau ainsi présenté par le gouvernement gabonais, avec un déficit à 15%,  pourrait doucher le FMI à  autoriser un programme en 2026, comme souhaité par les autorités gabonaises. En plus de faire grimper la dette publique à 90 % du PIB, contre 73 % fin 2024. Car, explique l’institution londonienne, si les autorités prévoient  une hausse de 36 % des recettes pétrolières, grâce à l’acquisition d’Assala Energy notamment, cette opération a été financée par emprunt, et pèsera sur les revenus futurs.

‎Une divergence de vue persistante

‎Depuis l’arrivée au pouvoir de Brice Clotaire Oligui Nguéma, les autorités gabonaises contestent régulièrement les évaluations des institutions financières internationales, qu’il s’agisse du niveau de la dette ou du calcul du PIB. Libreville estime que ces indicateurs sont sous-évalués par les agences de notation et les bailleurs de fonds.

‎La note de Fitch s’inscrit ainsi dans un climat de divergence persistante entre la vision affichée par le gouvernement gabonais — serein quant à sa trajectoire budgétaire — et celle des partenaires internationaux, plus sceptiques sur la soutenabilité des équilibres macroéconomiques.