Gabon : Fitch sanctionne la politique budgétaire du gouvernement et abaisse la note du pays à CCC+

Comme Moody’s il y a plus d’un mois, l’agence de notation Fitch Ratings a décidé d’abaisser la note souveraine du Gabon, la faisant passer de B- à CCC+. « La dégradation de la note à CCC+ reflète les risques croissants pesant sur la capacité de remboursement de la dette », a déclaré l’agence américaine dans un communiqué publié le 26 juillet dernier.

Deux facteurs accentuent le risque de non-remboursement. Le premier concerne les tensions de trésorerie auxquelles le pays devrait faire face en raison d’une politique budgétaire « expansionniste ». En effet, souligne l’agence, alors que les recettes budgétaires s’amenuisent à cause notamment de la baisse des recettes pétrolières et de la suspension des décaissements de certains bailleurs, le gouvernement de transition a quand même engagé un certain nombre de dépenses sociales et d’investissements afin de répondre aux attentes populaires, sans visibilité claire sur les ressources pour les réaliser.

« Le gouvernement a fait plusieurs annonces de dépenses pour répondre aux importants besoins sociaux et d’infrastructures du Gabon. Il prévoit d’accroître le recrutement dans le secteur public, d’apurer les arriérés de pensions et d’ajouter de nouvelles exonérations fiscales, sans plan d’ajustement budgétaire concret », indique l’agence américaine. Résultat des courses, la croissance économique restera « modérée » et le déficit budgétaire du Gabon se creusera pour atteindre 3,9 % du PIB en 2024, 5,3 % en 2025, 5,8 % en 2026 alors que le solde budgétaire du pays était encore excédentaire en 2022, et le déficit de 2023 n’était que de 1,8 %.

À cette situation vient s’ajouter un héritage peu glorieux du précédent régime. Comme Moody’s, Fitch indique qu’une révision budgétaire a fait ressortir une sous-déclaration des dépenses publiques de l’administration Bongo. La dette publique pour 2023 est désormais estimée à 70,4 % du PIB, alors que la dernière estimation était de 56 %. « La mauvaise qualité des données et la sous-déclaration potentielle des dépenses restent préoccupantes, compte tenu des faiblesses passées de la gestion des finances publiques et de l’incertitude quant à la capacité de la nouvelle administration à apporter des améliorations », déplore l’agence américaine.

Le deuxième facteur qui exacerbe le risque de non-remboursement de la dette gabonaise est la marge de manœuvre limitée du gouvernement. Le Gabon a d’importants besoins de financement en 2025 et 2026, notamment un remboursement de 605 millions de dollars sur ses euro-obligations dès l’année prochaine. La flexibilité de financement est limitée, compte tenu du coût élevé des émissions sur le marché international et des conditions de financement strictes sur le marché obligataire régional. L’hypothèse d’un refinancement est donc faible, ce qui pourrait entraîner une nouvelle accumulation d’arriérés, le stock actuel d’impayés sur la dette étrangère étant de 165 milliards FCFA, selon Fitch.

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