CEMAC : Le FMI alerte sur une exposition « excessivement élevée » des banques aux emprunts des États

À l’issue des consultations qui se sont tenues du 29 avril au 14 mai 2024 avec les institutions de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC), les services du FMI ont rédigé un rapport publié le 28 juin dernier. Ce rapport met en évidence certaines insuffisances du système bancaire de la sous-région. L’institution financière multilatérale insiste notamment sur l’exposition des banques aux emprunts des États de la CEMAC, qu’elle juge « excessivement élevée ». En d’autres termes, la part des États dans le portefeuille de prêts des banques commerciales a atteint un niveau critique, menaçant l’équilibre du système financier.

« L’exposition totale (prêts et titres) est passée de 10 % fin 2015 à environ 31 % du total des actifs fin 2023. Plusieurs banques ont une exposition aux gouvernements de la CEMAC supérieure à 50 %, ce qui pose des risques importants pour la stabilité », déplore l’institution de Bretton Woods.

Cette situation a été entretenue par un recours systématique des États de la région au marché des titres publics et au marché financier pour financer leurs déficits. Compte tenu de sa faible profondeur, le marché régional des titres est essentiellement soutenu par les banques commerciales. La croissance de ce marché a également été favorisée, selon le Fonds, par une proportion croissante de titres souverains bénéficiant d’une pondération de risque nulle, ainsi que par le non-respect par certaines banques des limites de concentration des titres publics.

Cette exposition entraînerait deux conséquences majeures sur le système économique de la CEMAC. La première est l’effet d’éviction sur le secteur privé, ce qui pourrait entraver les efforts de diversification économique. La seconde est l’allongement notable des maturités des titres (des bons du Trésor à court terme aux obligations à long terme), et par conséquent, un risque d’asymétrie des échéances tant que le passif des banques reste dominé par les dépôts à vue. De plus, la liquidité de ces titres reste très faible en l’absence d’un marché secondaire dynamique.

Afin de réduire ces risques, le FMI recommande à la COBAC, le gendarme du secteur bancaire, d’appliquer progressivement les limites de concentration, d’encourager les banques à gérer prudemment les risques internes et de s’éloigner « de manière plus systématique » de la pondération de risque zéro sur les expositions souveraines.

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