CEMAC : chute drastique des réserves de change en 2024

Les réserves de change de la CEMAC, qui permettent d’assurer les importations de biens et services des pays membres, connaissent une chute drastique ces derniers mois, menaçant la stabilité du Franc CFA, la monnaie commune. Au terme de la session ordinaire du comité de politique monétaire de la BEAC qui s’est tenue le 23 septembre à Yaoundé, l’institution a indiqué que les réserves de la région se situeraient à 6 539 milliards FCFA à fin 2024 (environ 10 milliards d’euros). Ce montant est en baisse de 5 % par rapport à leur niveau un an auparavant et de 14,1 % (1 070 milliards FCFA) par rapport aux 7 617,7 milliards FCFA (11,7 milliards d’euros) affichés en avril 2023.

Cette baisse inquiétante des réserves de change est la conséquence d’un déséquilibre permanent de la balance commerciale. Cela signifie que les besoins en devises des pays pour couvrir leurs importations de marchandises augmentent plus vite que les ressources engrangées du fait des exportations.

Les pays de la CEMAC n’exportent essentiellement que des matières premières, principalement le pétrole brut qui représente environ 67 % des exportations de la région. Avec la baisse du cours de l’or noir sur le marché international et le vieillissement des champs pétroliers en production dans certains pays (Cameroun, Gabon, Guinée-Équatoriale), l’or noir génère moins de revenus qu’auparavant. En juin dernier, le gouverneur de la BEAC avait déjà tiré la sonnette d’alarme et invité les pays à doper la production industrielle pour arrêter la saignée.

“Aujourd’hui dans la CEMAC, tous les pays importent les produits pétroliers finis. Cela fragilise notre position extérieure. Le Tchad, qui produit du pétrole brut et dispose d’une raffinerie sur place, importe également des produits finis. Nous réglons ces factures en dollars, ce qui nous expose à un risque d’érosion des réserves de change”, avait martelé Yvon Sana Bangui en juin dernier face à la presse.

Il faut tout de même préciser que le niveau actuel des avoirs n’impacte pas encore la situation monétaire. Pour éviter une dévaluation de leur monnaie et stabiliser leur économie, les pays de la CEMAC doivent détenir des avoirs extérieurs bruts (devises, or, DTS) représentant au moins 60 % des engagements à vue de la BEAC, équivalant à au moins trois mois d’importations de biens et services et du service de la dette extérieure.

Malgré le repli des réserves, le taux de couverture extérieure de la monnaie restera élevé à 69,2 % à fin 2024 (soit 4,5 mois d’importations), quoique en baisse par rapport aux 74,8 % enregistrés en décembre 2023.

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