Les banques africaines privilégient la dette publique aux prêts aux entreprises
- Le corporate
- 13 novembre 2024
- Editorial
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Les États africains se sont massivement tournés vers les banques locales pour leurs besoins de financement au cours de la dernière décennie, selon le rapport « Finance in Africa : Unlocking investment in an era of digital transformation and climate transition » publié le jeudi 7 novembre par la Banque européenne d’investissement (BEI).
Le rapport précise qu’entre 2010 et 2023, les avoirs des banques africaines en dette souveraine intérieure ont connu une augmentation notable, passant de 10,3 % à 17,5 % de leurs portefeuilles. Cette situation révèle un système bancaire plus exposé aux aléas de la dette publique et limite l’enveloppe disponible pour les prêts au secteur privé. En conséquence, le crédit bancaire au secteur privé est en recul, passant de 42 % en 2010 à 38 % en 2023, malgré une demande de financement en hausse dans le tissu entrepreneurial africain.
L’effet d’éviction – phénomène par lequel les banques privilégient les investissements dans la dette publique au détriment des prêts au secteur privé – s’est intensifié, atteignant des niveaux records en 2023, notamment dans plus de la moitié des pays africains. En Afrique de l’Est, en Afrique australe et en Afrique de l’Ouest, la situation est particulièrement critique. Les banques locales, sous la pression de la dette publique, allouent une part croissante de leurs ressources aux instruments souverains, souvent perçus comme moins risqués.
En Afrique centrale, le portefeuille bancaire en dette publique a augmenté pour atteindre 24 % du total des actifs, contre 2,6 % en 2010. L’Afrique de l’Ouest et l’Afrique australe suivent cette tendance avec des augmentations comprises entre 7 % et 9 % des actifs.
Cette préférence des banques pour les actifs souverains traduit une réalité financière : les obligations d’État, bien que peu risquées, offraient des taux élevés répondant aux impératifs de rentabilité des établissements financiers. Par exemple, les rendements sur la dette souveraine ont atteint des niveaux records : le Ghana a levé des fonds à un taux de 19 %, et le Kenya à plus de 12 %. Comparativement aux taux de 5 % à 8 % offerts par les prêts aux PME, ces rendements élevés renforcent la préférence des banques pour les obligations d’État.
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