Éviction du PDG de la Poste SA : une décision controversée aux motivations floues

La scène économique gabonaise est secouée par la suspension de onze hauts cadres de la Poste SA, dont le Président Directeur Général (PDG) de cette entreprise publique, Jean Eric Raynard Ndama. Ce dernier, nommé lors du conseil des ministres du 28 septembre 2023 et officiellement installé le 23 octobre 2023, avait été perçu comme un espoir pour redresser cette société aux difficultés chroniques. Cependant, il a été suspendu « avec effet immédiat » par une lettre émise le 4 octobre 2024 par la ministre de la Communication et des Médias, Laurence Ndong.

Les premières réactions divergent quant aux raisons de cette éviction. Certains témoins dénoncent une gestion opaque, marquée par des nominations basées sur le népotisme et l’octroi de primes indues. D’autres, au contraire, estiment que Jean Eric Raynard Ndama est un bon gestionnaire, trahi par son entourage.

Le caractère précipité et la méthode utilisée pour la suspension du PDG posent cependant des questions. En effet, sa nomination ayant été entérinée en Conseil des ministres, les experts soulignent que son éviction aurait dû suivre la même procédure officielle, plutôt que de se faire par simple correspondance ministérielle. Il convient de rappeler que le PDG de la Poste SA est nommé par le Président de la République sur proposition de son ministre de tutelle.

Dans le cadre de cette suspension, la transparence aurait exigé la présentation de preuves tangibles au public avant d’exposer les responsables à la critique publique. Or, l’on semble ici évoluer dans un climat de soupçons et d’incertitudes, y compris sur la nature précise des accusations formulées.

Que se passerait-il si ces soupçons de mauvaise gestion ne se vérifiaient pas ? Le PDG serait-il alors victime d’une campagne de dénigrement orchestrée ? Le quotidien L’Union, habituellement bien informé, s’interroge également. Citant des sources syndicales, le média s’étonne que l’audit de la Poste n’ait débuté qu’avec l’actuelle direction, alors que les difficultés de l’entreprise remontent à près de dix ans.

« Il aurait été plus pertinent que le ministère effectue un audit remontant à l’année 2015 », déclare le secrétaire général du Synaposte. « Nous ne comprenons pas pourquoi l’audit ne couvre que la période de 2023 à aujourd’hui. Cela donne l’impression d’une cabale ciblant M. Eric Raynard Ndama (…) Si un gouvernement échoue et que le Premier ministre est suspendu, c’est tout le gouvernement qui doit être sanctionné. Or, dans le cas de la Poste, certaines personnes ont été sanctionnées, mais pas d’autres. Tous auraient dû être suspendus pour garantir l’impartialité de l’enquête. »

Ces critiques laissent penser que les remous autour de la direction de la Poste SA sont peut-être plus complexes qu’ils n’y paraissent, soulevant des questions sur les véritables motivations et enjeux de cette éviction.